Sous l’influence de l’anglais et l’impulsion des médias sociaux, l’utilisation du verbe partager a bondi, et on partage dorénavant à qui mieux mieux, tous azimuts. Or, en français, partager a un sens plus restreint que le verbe share, et son emploi exige quelques nuances.
Le premier faux pas à éviter est d’ordre syntaxique. Dans la langue de Molière, on partage quelque chose avec quelqu’un et non à quelqu’un. Il faudra donc éviter les formules du type « je lui ai partagé le fichier ». Qui plus est, dans un contexte de traduction, si partager rend parfois bien le sens de share, son emploi n’est pas toujours conseillé. Il existe en fait des verbes cooccurrents beaucoup plus éloquents. Par exemple, au lieu de partager une histoire, un témoignage ou une nouvelle, il est nettement plus évocateur – et français! – de dire qu’on raconte une histoire, qu’on livre un témoignage ou qu’on annonce une nouvelle. Il s’agit de verbes fort simples, mais beaucoup plus porteurs.
Il faut aussi se méfier des faux sens, induits par l’anglais, que peut susciter l’emploi de partager. Si on veut, par exemple, connaître l’opinion de quelqu’un, demander à cette personne de la partager n’est pas une bonne idée. Partager l’opinion de quelqu’un, en français, c’est avoir la même opinion que cette personne, ce qui est à des lieux de chercher à savoir ce qu’elle pense.
Enfin, sur les réseaux sociaux, où partager est employé dans le sens de relayer ou de publier, c’est désormais le terme consacré. Vous pouvez donc y partager à l’envi contenu, photos et gazouillis avec la planète entière. D’ailleurs, je vous invite à partager ce billet avec toutes vos connaissances, mais seulement si vous partagez mon opinion!
Sources :
https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26532812/partager (consulté le 6 mars 2024)
https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/22128/la-syntaxe/le-complement-du-verbe/partager-et-ses-complements (consulté le 6 mars 2024)
Catégories :
Vocabulaire, syntaxe, évolution sémantique, anglicisme